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Affaire « Kikilove » : l’argent généré par le paka était réinjecté dans l’ice


Affaire « Kikilove » : l’argent généré par le paka était réinjecté dans l’ice
PAPEETE, le 11 juin 2018 - Le procès de l’affaire dite « Kikilove » a débuté ce lundi par l’audition des protagonistes du volet « paka » du dossier. Durant quatre jours, les 21 prévenus comparaîtront pour répondre de leur implication dans de très lucratifs trafics d’ice et de cannabis. Les plus impliqués encourent jusqu’à dix ans de prison.

Moins d’un an après l’arrestation d’André Tiniraurii et de son associé dans le centre-ville de Papeete en possession de 5, 7 kilos d’ice, le procès de l’affaire dite « Kikilove » s’est ouvert ce lundi en présence de nombreux proches des prévenus. L’ex-guide touristique et vingt autres individus sont poursuivis dans le cadre d’un dossier comportant deux volets : l’un consacré à l’importation et au trafic d’ice, l’autre à la production et à la revente de paka.

Appât du gain

Plusieurs revendeurs de paka ont défilé à la barre. Tous avaient reconnu leur implication dès les premières heures de garde à vue. Ils avaient également dénoncé Teheimanu A comme étant le boss d’un réseau générant pas moins de 100 millions de Francs par an. Longuement interrogé par le tribunal, ce dernier, qui s’était livré de lui-même à la gendarmerie suite à l’arrestation de Kikilove, a reconnu qu’il était dealer de paka depuis de nombreuses années. Il a indiqué qu’il avait commencé à acheter de l’ice à André Tiniraurii en août 2017 car il souhaitait « gagner plus. » la drogue était payée en numéraire avec des fonds issus du trafic de paka. Selon ses différents revendeurs, Teheimanu A était considéré comme le « boss » du réseau : « il donnait de l’argent à beaucoup de gens dans le quartier pour aller chez le médecin ou autre. Quand il déjeunait, il invitait tous les autres. » Alors que l’un des magistrats l’interrogeait sur le « quotidien d’un trafiquant de drogue », Teheimanu A a expliqué que cela lui permettait de « bosser tranquille » : « c’est différent, on se lève quand on veut, on déjeune quand on veut. » Concernant le trafic d’ice, l’homme a déclaré que cela avait du « bon » et du « mauvais » : « ce qui est bien, c’est que ça rapporte. Mais ça envoie en prison. »

En fin de journée, Rautahi Voirin, l’associé de Kikilove dans le volet de ce dossier consacré à l’ice, a été appelé à la barre. L’homme avait rencontré André Tiniraurii alors qu’il était agent de sécurité dans un établissement du centre-ville de Papeete. Le guide l’avait convaincu de se joindre à lui et de le former au milieu touristique. Face au tribunal, le prévenu a réitéré les déclarations qu’il avait faites lors de sa garde à vue et a évoqué ses débuts dans le trafic : « je voyais que Kiki dépensait beaucoup d’argent (…) Je lui ai demandé, il m’a expliqué et, de fil en aiguille, j’ai commencé à en vendre. »

Kikilove est ensuite venu confirmer les propos de son associé en expliquant qu’ils avaient pour but final d’importer 50 kilos d’ice en Polynésie. Les deux hommes souhaitaient investir les sommes gagnées avec la vente de la drogue dans un commerce dédié au cannabis dans l’état du Nevada. L’on a également appris qu’au cours de l’année 2017, le guide avait fastueusement vécu en dépensant des centaines de milliers de Francs dans des hôtels, des restaurants ou des boites de nuit. Kikilove avait pour habitude de laisser des pourboires compris entre 5000 et 10 000 Francs.

Le procès devrait s’achever ce jeudi avec les plaidoiries de la défense.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 11 Juin 2018 à 18:23 | Lu 5731 fois